Étranges utilisations d'herbes à travers l'histoire

Les herbes aromatiques sont couramment utilisées pour assaisonner un vaste éventail de plats. Certaines d’entre elles ont connu un passé quelque peu inédit, à mi-chemin entre une médecine naissante et la sorcellerie.

Entre le mythe et la réalité, on vous invite à découvrir les étranges pouvoirs qui furent un jour prêtés, à tort ou à raison, à vos herbes préférées.

 

Les origines

L'étude des herbes à travers les époques est bien documentée. Si les premiers jardins d'herbes aromatiques remontent à l'époque du Moyen ge en Europe, les écoles égyptiennes d'herboristes existaient 3 000 ans av. J.-C. Les anciens étudiaient simultanément la médecine des herbes, les cosmétiques, la cuisine, l'histoire et le folklore.

La plupart des herbes ont d’ailleurs une symbolique. Par exemple, la bourrache (Borago officinalis) était donnée à ceux qui avaient besoin de courage, tandis que le romarin (Rosmarinus officinalis) était donné en signe de commémoration.

Au Moyen Âge, l’utilisation des herbes redevint plus prosaïque. Elles aidaient à conserver la viande ou, dans le cas contraire, à couvrir le goût infecte des aliments périmés du fait qu'ils n'étaient pas réfrigérés. Les herbes permettaient aussi de masquer les odeurs des gens qui se lavaient rarement, voire jamais. À cette période, où l’on se méfiait grandement des avancées de la médecine, on commença à mener au bûcher les herboristes après que l'Église catholique les ait condamnés à mort pour sorcellerie et paganisme.

À l’époque des grandes découvertes, les premiers colons d’Amérique étaient nombreux à cultiver des jardins d’herbes à des fins culinaires ou médicinales. Les Premières Nations les utilisaient pour guérir, mais aussi pour tanner et teindre le cuir. Certaines herbes étaient également employées dans le cadre de rituels spirituels.

 

La sauge (salvare)

« Qui a de la sauge au jardin vivra pour toujours » disait-on jadis. Dans une autre version, on prétendait que le simple fait de cultiver l’herbe aromatique au jardin suffisait à éloigner le médecin. Bien qu’aucune de ces maximes n’aient pu être prouvées, le nom « sauge » vient du mot latin « salvare », qui signifie « sauver ».

La sauge était utilisée dans les cours anglaises pour rafraîchir l'air des résidences royales. Une concoction réalisée à base de sauge, de camomille, de rue, de lavande et de roses était diffusée à travers le palais par le « parsemeur d'herbes royal »… rien de moins!

À une époque où les installations septiques étaient inexistantes, l'odeur qui régnait dans les résidences, même royales, était plus souvent qu’autrement infecte. Les herbes contribuaient à masquer l'odeur.

Plus tard, au 18e siècle, les asthmatiques fumaient la sauge sous forme de cigarette afin de soulager leurs problèmes respiratoires. Encore aujourd’hui, la sauge est réputée pour soulager les troubles du système respiratoire, cette fois en infusion ou en bain de vapeur.

 

Le romarin (Rosmarinus officinalis)

Le romarin fut également utilisé pour masquer les mauvaises odeurs, mais cette fois celles de la viande et du poisson avariés. Certains ne pourront s’empêcher de se demander pourquoi le romarin accompagne encore si souvent aujourd’hui ces aliments dans nos assiettes!

Si l’on reste plus ou moins dans le même ordre d’idée, l’herbe aromatique fut également employée pour orner l'intérieur des cercueils et contrer autant que possible l’odeur de putréfaction. On raconte qu'en ouvrant des cercueils, le botaniste français Jacques-Christophe Valmont de Bomare (1731-1807) fut stupéfait de découvrir que les branches de romarin se trouvant dans la main du cadavre avaient poussé jusqu’à recouvrir entièrement le corps du défunt.

Glisser des brins de romarin sous l’oreiller est également une coutume qui perdure. À l’origine, on le faisait pour éloigner les cauchemars. Si rien n’a été prouvé en ce qui a trait à la qualité du sommeil, on croit aujourd’hui que le romarin contribuerait à augmenter les facultés intellectuelles. Des recherches préliminaires démontreraient l’effet positif de la plante sur la mémoire à court terme ainsi que sur la concentration.

Les étudiants de la Grèce antique portaient des couronnes de romarin pour augmenter leur acuité intellectuelle. C’est à croire que nos précurseurs étaient réellement vifs d’esprit!

 

Le persil (Petroselinum)

Selon une croyance populaire, le persil est si lent à germer qu’il serait allé voir le diable neuf fois avant d’émerger de terre. En Europe, une assiette décorée d’une branche de persil indiquait que le chef s’en était occupé personnellement.

Au fil du temps, on accorda plusieurs vertus au persil, dont celles d’enrayer différents troubles et maladies : urinaires, cardiaques, digestifs, otites, diabète, eczéma, menstruels. Autant dire que le persil servait à toutes les sauces.

Il serait toutefois prouvé que le persil enraye la mauvaise haleine. Les Romains n’avaient donc pas tout à fait tort de le mâcher pour camoufler l’odeur de l’alcool!

 

Le basilic (Ocimum basilicum L.)

L’origine du basilic demeure incertaine. Si on penche en faveur de l’Asie du Sud ou de l’Afrique centrale, il aurait été importé au pays des pyramides voilà plus de 4 000 ans. Dans l’Égypte ancienne, l’herbe qui compose notre pesto était employée dans le processus de momification.

En Grèce antique, une croyance voulait que de mettre des feuilles de basilic broyées sous une pierre y faisait naître un scorpion. À l’Antiquité, on le considérait tout simplement comme une plante royale, et en Inde, comme au Népal, on l’utilise depuis des millénaires pour clarifier l’esprit et purifier la conscience.

On lui accorde encore aujourd’hui le pouvoir d’aider à combattre l’anxiété. L’huile essentielle de basilic contribuerait ainsi à réduire la fatigue mentale et aurait des propriétés antidépressives. Certains vont jusqu’à dire qu’il augmenterait l’acuité mentale et sensorielle, ainsi que la mémoire.

 

La ciboulette (Allium schoenoprasum)

La ciboulette fut utilisée pour dire la bonne aventure par les tsiganes roumains. Ces derniers suspendaient également des bottes de ciboulette dans leur demeure afin de garder à distance la maladie et les fléaux.

Au Moyen Âge, on la nommait « appétit » en raison des propriétés apéritives qu’on lui prêtait.

La ciboulette fait partie du genre Allium, au même titre que l’ail, l’oignon et le poireau. Riche en antioxydants et en vitamine K, elle aiderait à prévenir certains cancers et jouerait un rôle dans la coagulation du sang et le maintien de l’élasticité des vaisseaux. En infusion, elle agirait comme lotion purifiante pour les peaux grasses.

 

La menthe (Mentha)

Au 18e siècle, on buvait un mélange de jus de menthe et de vinaigre dans le but d’arrêter le hoquet. Plus récemment, des recherches effectuées en Inde tendent à démontrer que la menthe repousse, et même tue, certains insectes responsables de la propagation de maladies infectieuses comme la malaria.

On l’utilise sous forme de tonique en cas de fatigue et en remède contre les problèmes digestifs, et on apprécie ses propriétés calmantes et anti-inflammatoires. La menthe pourrait également un jour entrer dans la préparation d’un médicament permettant de soigner les maladies dégénératives du cerveau comme l’Alzheimer. De récentes études ont démontré que des extraits de menthe verte et de romarin avaient la capacité d’augmenter la mémoire et la capacité d’apprentissage chez les souris. Croisons les doigts!

 

Le thym (Thymus vulgaris)

 

Tout comme le romarin, le thym était jadis employé pour masquer l’odeur de la viande et du poisson avariés. Bien avant, les Égyptiens l’utilisaient dans la fabrication de l’onguent servant à embaumer leurs morts. On l’a aussi brûlé comme encens dans le but d’éloigner les créatures venimeuses, à peu près à la même époque où les sorcières s’en servaient pour fabriquer des philtres d’amour.

À notre époque, le thym est plutôt utilisé pour soulager la toux, les coliques, les bronchites, les laryngites, les amygdalites et les inflammations des muqueuses de la bouche et de la gorge. On l’utilise également pour aider à guérir des blessures mineures ou comme rince-bouche.

ASTUCE : Les tiges du thym sont comestibles. Cuisinez-les au lieu de les jeter!

 

L’origan (Origanum vulgare)

L’origan servit également à la fabrication de philtres d’amour. Selon la croyance, il suffisait de tremper quelques feuilles dans le breuvage de l’élu de son cœur pour le faire tomber follement amoureux.

Hippocrate avait découvert voilà très longtemps que l’origan possède des propriétés antiseptiques, antibactériennes, antispasmodiques et antidouleurs.

Pendant de nombreuses années, l'origan fut utilisé en médecine, notamment comme antiseptique, pour apaiser les maux de tête et les maux de dents, ou lutter contre l'acné. Sous une forme plus concentrée, l'huile d'origan était utilisée en combinaison avec de la vapeur afin de nettoyer les poumons et soigner la congestion.
On fonde actuellement beaucoup d’espoir sur cette herbe pour différentes applications futures en médecine humaine et vétérinaire, en agriculture, de même qu’en transformation alimentaire.

 

L’estragon (Artemisia dracunculus)

Estragon

Certains herboristes étaient autrefois convaincus des propriétés de guérison de l’estragon en cas de morsure de serpent. Il semblerait toutefois que cette croyance ait simplement été influencée par la forme serpentine de sa racine.

 

L'aneth (Anethum graveolens)

Les Romains et les Grecs de l'Antiquité couronnaient leurs dirigeants d'aneth et de laurier. Les Romains utilisaient également l'aneth pour purifier l'air.

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